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’ai reçu une certaine pression de diverses personnes et / ou sites web pour écrire quelque chose, une sorte de déclaration officielle concernant ma sortie du World Tour. ma « mise-à-pied ». ma « pirouette ». « Mets les choses au clair avec tes fans. » c’est ce qu’ils m’ont dit. les gens veulent savoir ce qu’il se passe, être à la page. Je peux comprendre cela. J’aime savoir ce qu’il se passe. J’aime être à la page.
une chose à retenir : j’ai un cœur j’ai des os et des muscles, de la peau, des yeux et des dents. J’ai des émotions. parfois, j’agis selon mes émotions. parfois, j’utilise ma tête et je prends des décisions réfléchies. j’ai l’habitude de le faire. en fait, j’ai l’habitude de trop penser. névrotique en quelque sorte. Je fais des erreurs, et je fais avec.
j’ai des peurs, des angoisses, parfois un sentiment d’insécurité et j’ai des vices auxquels je m’adonne souvent. les relations sociales m’aident à m’améliorer. je pourrais probablement m’imposer une certaine discipline, beaucoup de choses me font chier, mais au global je suis heureux, et j’éprouve du plaisir à faire le bonheur des autres. parfois, il suffit d’un sourire. parfois, il faut beaucoup plus que cela. J’essaie d’être honnête. surtout avec moi-même. je sais que je suis chanceux. je suis assis ici et je suis vivant, je peux respirer, j’entends les oiseaux à l’extérieur, le bourdonnement de l’autoroute. le soleil se lève et c’est vendredi. c’est ma chance.
je sais aussi qu’en de nombreuses autres choses je suis chanceux. trois marques me soutiennent et me permettent de surfer tous les jours, de voyager et de manger, d’avoir une maison où vivre et en retour je donne une image positive à leur entreprise. j’ai l’impression de faire un travail honnête. mais on peut toujours en débattre. le surf est ma passion dans la vie. Je garde toujours en tête Ô combien nous sommes chanceux que l’océan existe, pas trop chaud et pas trop turbulent et qu’il ne soit pas fait d’acide qui brûle notre peau. et comment nous sommes chanceux que nos côtes plongent dans l’océan de telle sorte que lorsque l’énergie qui a parcouru un millier de miles de distance se lève délicatement et casse juste à la vitesse parfaite pour que nous puissions agiter nos bras jusqu’à atteindre sa vitesse puis nous faire porter, comme en apesanteur, par cette ondulation avant de glisser jusqu’en bas de la vague. libre de rider de la façon qu’il nous plaît. et il ne s’agit pas d’un phénomène isolé.
il y a des tonnes de vagues. affluant sans cesse. de toutes les formes, de toutes les tailles et à toutes vitesses. tous les jours elles sont différentes. une joie sans fin.

il ya bien sûr un certain nombre de choses qui viennent parfois nous empêcher de ressentir cette joie: les foules d’imposteurs sur Twitter, les locaux et les blogueurs relous, les photographes de surf trop zélés, Chris Mauro et les contests Rip Curl, pour ne citer qu’eux. je blague, enfin pas vraiment, et d’ailleurs, le surf n’est qu’une histoire de plaisir. c’est aussi un sport. une industrie.et nous ne devons pas mélanger affaires et plaisir.
en acceptant le soutien de l’industrie, nous devons assumer une certaine responsabilité. certains pensent que notre responsabilité en tant que professionnels est de se tourner vers la compétition. de mettre un jersey avec un numéro et écraser son adversaire. et ce malgré des critères uni-dimensionnels et un terrain de jeu trop aléatoire pour donner un résultat uniquement basé sur la performance. c’est peut-être ça le plaisir. Je ne sais pas. j’aimerais. est-ce que j’y crois ? suffisamment pour y avoir consacré la meilleure partie de ma vie ? ou est-ce qu’y j’étais obligé parce que c’est ma responsabilité ? Je n’ai pas eu à répondre à cette question, ma blessure du genou en janvier a répondu pour moi.
À peine le temps de guérir et j’étais déjà out. j’ai la gueule de bois. c’est au dessus de ma propre responsabilité. « suicide professionnel ! il détruit son potentiel. il gaspille son talent« . et puis j’ai entendu le buzz [le coup de corne de brume marquant la fin de la série, ndlr].

en fait, pendant ce temps je me construisais d’une manière différente, voyageant un peu partout et repoussant mes limites personnelles, tentant d’apprendre, de grandir et de m’améliorer. ce n’est pas aussi instantané qu’un live webcast mais dieu sait si c’est agréable. et en fin de compte c’est tout aussi important que la compétition et j’ai trop longtemps négligé le freesurf parce que j’étais dans une bulle où les résultats de contests me suffisaient.
pour être performant en compétition vous avez besoin de rassembler votre panel de manœuvres dans un joli paquet bien présentable, le tout en 30 minutes et en un nombre limité d’essais. vous devez tuer les variables. couper les extrémités qui ne servent à rien. rester sur votre planche. connaître votre équipement. savoir sélectionner vos vague. sans cesse travailler les manœuvres qui rapportent le plus de points. il y a évidemment des exceptions à cela. Le slob air reverse de Kelly Slater à New York. qui était improvisé, pas un mouvement travaillé et déjà vu, et en rentrant ça, il a été héroïque. sur la plage par la suite on lui demandait : ‘alors Kelly Slater, c’était quoi ce slob air reverse » et lui répondait « Oh, c’est comme ça que ça s’appelle ? » il y a aussi John John Florence et Gabriel Medina. ce n’est peut-être qu’une question de temps avant qu’ils ne se mettent à travailler ces manœuvres, mais pour l’instant je suis vraiment impressionné par leur succès malgré le fait que ces manœuvres soient brutes. j’aime bien quand c’est brut.
surfer avec John John cette année au Japon a été instructif. C’était comme s’il allait explorer de nouveaux territoires à chaque vague. Je veux explorer de nouveaux territoires moi aussi ! Je veux me lâcher ! à la fin du voyage je me sentait mieux et rajeuni, puis brisé ! Je me suis éclaté les côtes sur une houle de typhon. failli me noyer. un autre mois hors de l’eau. on doit payer pour jouer. surtout lorsqu’on essaye de se tenir au niveau de John John.

conc je suis là. 26 ans. officiellement éjecté du circuit. « gaspillage de talent. potentiel balayé. refusant la responsabilité« . « Tout ce qu’il veut faire, c’est rester à la maison, jouer avec des crayons et rider des planches pourries. » mais attendez ! attendez ! ce n’est pas vrai ! n’écoutez pas Chris Mauro. ce type est un dinosaure. il ne comprend pas ce qui se passe. c’est peut-être la fin de ma présence sur le WT, mais c’est aussi un nouveau commencement pour moi. J’étais comme une pelote de laine, les fils bien rangés et puis quelqu’un a tiré le fil qui dépassait et a tout détruit, laissant derrière lui un tas de fils. mais je vais peut-être être transformé en quelque chose de plus utile, comme un pull. ou peut-être quelque chose de beau, comme un chef-d’œuvre brodé à la main avec cerf et deux faon s’abreuvant au bord d’un ruisseau. on ne sait jamais. J’espère atteindre une sorte d’équilibre.
Ouais, j’aime rider des planches pourries, mais j’aime aussi faire des airs et des cutback agressifs. et faire de la compétition s’il y a du challenge et que je ne me lasse pas. mais les notes et les médailles, très peu pour moi. Je veux apprendre, je veux faire des choses dans le but d’être productif. Voyager. Avoir de nouvelles expériences, de nouvelles sensations. et surtout d’explorer les limites de la performance en surf. Je ferai toujours de la compétition. mais je ne me prendrai plus la tête pour ça.

trouver cet équilibre sera mon défi. mais c’est juste une étape dans un ensemble infini d’étapes, disons un escalier. c’est une sorte de grand pas. trop gros pour juste faire un petit saut. Je dois grimper. escalader avec tout le matos de sécurité, la corde et tout le barda. je pourrais y arriver et être dégoûté comme je l’ai été par la compétition, mais c’est la magie de la vie et je suis heureux d’en faire l’expérience. et je le dois sans cesse à ceux qui rendent ça possible. tout d’abord mes fans qui se sont retrouvés, pour une raison ou une autre, dans mon style de surf et parce qu’au fond, ils sont ceux grâce à qui je suis capable d’avoir des sponsors qui me permettent de voyager, de manger, de payer les factures et de continuer à surfer .
Ensuite mes sponsors : Channel Islands, qui a cru en moi dès l’âge de 13 ans et qui continuent à me fabriquer des boards sur mesure qui me permettent de rider au plus haut niveau et même des boards qui n’ont rien à voir avec la performance mais qui vous font vous rendre compte le plaisir qu’on peut avoir rien qu’en suivant une trajectoire.
Je remercie Quiksilver pour leur soutien indéfectible, pour m’avoir re-signé pendant une année d’incertitudes et pour me faire travailler avec eux sur le marketing et sur les produits.
Je remercie aussi Vans d’être venu me chercher. chaque personne dans l’équipe est un de mes surfeurs préférés et je suis honoré d’être l’un d’entre eux.

il y a, bien sûr, des centaines de personnes qui mériteraient d’être remerciées ici, mais voici celles qui me viennent à l’esprit ce soir : ma petite amie, Courtney pour me donner l’inspiration, m’ouvrir des perspectives, pour me donner l’amour et prendre soin de moi. Blair, qui m’aide, en allant contre mon maelström, à garder une vie en ordre. mes parents, pour leurs points de vue contradictoires. Je ne pense pas que j’aurais fait aussi bien dans la famille de monsieur tout le monde. mon père en particulier pour les innombrables week-ends consacrés à me conduire, du nord au sud de la côte, sur compétitions. Je réalise aujourd’hui que c’était un sacrifice énorme. ma mère aussi pour m’avoir inculqué la créativité, l’intrépidité, et toutes ces conneries qui font qu’on est libre. et mon frère Brek pour m’avoir administré des leçons d’humilité lors de nombreuses expériences et ce, dès mon plus jeune âge. mes grands-parents, qui sont sans doute mes plus grands fans sur Terre. particulièrement mamie Bonnie and Papa Chuck, qui viennent à chaque compétition de surf sur la côte ouest et qui se présentent à 7 heures pour obtenir une bonne place sur le parking, même si je surfe à 15. et aussi papy Bob pour m’avoir donné sa super 8 quand j’avais 18 ans, me faisant ainsi découvrir une passion qui durera toute ma vie.

-Dane