Caractéristiques de nos côtes

Ronan Arurho, 14 Novembre 2001

  1. De l'érosion à la sédimentation
  2. Un climat spécifique
  3. Le littoral, un peu de terre et beaucoup d'eau

Les différents types de côtes que l'on peut rencontrer sont liés à un certain nombre de facteurs, en particulier géologiques et climatiques, tant actuels que passés.

1. De l'érosion à la sédimentation

Le trait de côte est en effet en perpétuelle évolution à cause de l'érosion, de la sédimentation et de la variation du niveau des mers. La nature des roches qui forment les côtes bretonnes est, avec le niveau des océans, responsable de la grande diversité des faciès cotiers. Un des aperçus les plus évidents est la différence entre la côte nord, avec beaucoup de falaises et de baies très ouvertes, et la côte sud, avec beaucoup de cordons dunaires et de petites mers s'enfonçant profondemment dans les terres.

Ce sont au creux des roches métamorphiques tendres que se sont installées les baies, où se déposent les sédiments les plus fin. Des roches un peu plus dures, comme les schistes, forment des falaises aux formes douces, souvent de faible taille. Les falaises les plus massives sont elles en gneiss ou en granite. Et se sont les accumulations de sédiments grossiers qui forment les plages et cordons.

Qui dit sédiments dit érosion, et chacun d'imaginer les paquets de mer venant taper nos hautes falaises de granite, arrachant année après année leur quota de roche. Or, il n'en est pour ainsi dire rien. Il y a bien une érosion sur les granites et les gneiss, mais tout à fait secondaire. C'est en fait une forme chimique d'érosion: les légères flaques d'eau de mer, abandonnées par la marée ou crées par les embruns, s'évaporent, le sel se concentrant cristalise dans les micro-fissures des roches et les désagrège. Notons quand même que la mer peut avoir une prise sur les falaises tendres en schistes au point d'y avoir une action notable.

Non, l'érosion marine n'a pas creusé les baies et n'a pas engendré les tonnes de sables et de galets de nos plages. Il faut pour ça remonter largement dans le temps et s'inscrire sur une longue période, où le climat a été tropical (tantôt chaud et humide , tantôt chaud et sec) puis glaciaire. Sous un climat chaud et humide, ce sont les infiltrations d'eau qui détruisent les roches (transformation du granite en argile et en sable). Tandis que sous un climat plus sec, ce sont les précipitations rares et torrentielles qui entrainent une érosion par ruisselement, les sédiments étant ainsi évacués. Quand le climat froid s'installe, c'est le gel qui fragmente la roche et le dégel qui emporte en coulées le sol et les fragments.

Toute cette érosion a lieu à terre, l'eau pluviale emportant les éléments les plus mobiles. Et ce n'est qu'à la faveur de la montée du niveau de la mer que celle-ci déblaie les produits de l'altération des roches, ne laissant que les structures saines formant caps, épis rocheux, ... Alors que ces produits alimentent les plages en sédiments.

On va pouvoir ainsi distinguer trois types de faciès cotier se succédant et se mélant: en relief (falaises, récifs, reef-break...), en creux (baies, aber,...) et en accumulation (dunes, plages, beach-break,...); qui seront autant de grands types de milieux, une fois associés au climat.

2. Un climat spécifique

Le climat justement, est océanique tempéré comme chacun le sait. Les variations thermiques y sont de faible amplitude. Mais on peut apporter des précisions supplémentaires quant à ses caractéristiques sur la côte.

L'humidité de l'air favorise la formation de nuages. Pourtant les précipations restent faibles sur le littoral moins de 850mm par an (contre 1500mm/an dans les Monts d'Arrée). Cette différence avec l'intérieur s'atténuant lorsque la mer pénétre dans les terres (il n'y a qu'à voir les précipitations au fond de la rade de Brest). Les vents, comme beaucoup peuvent le regretter, sont surtout des vents de mer. Le vent off-shore n'est donc pas notre quotidien. Il s'agit du vent issu des dépressions venant de l'ouest, mais aussi de la brise de mer dominante (et diurne!) par rapport à la brise de terre (nocturne et matinale). Les milieux terrestres varieront donc aussi en fonction de leur exposition aux précipitations et surtout aux vents.

Sur l'estran, ce sont les marées qui imposent leurs lois, ainsi que l'exposition à la houle et aux courants. Par leurs influences sur la sédimentation, les sédiments fins se déposant dans les zones les plus abrités; puis par leurs actions sur les peuplements végétaux et animaux qui doivent vivre plus ou moins en émersion et chahutés par la mer. La Bretagne étant bien exposée aux houles et aux divers courants, l'eau y est brassée de manière homogène, sans couches (de températures différentes) ou presque.

Il existe en mer, et vous l'aurez surement noté si vous avez surfé en Bretagne du nord au sud, une différence entre les deux côtes, la manche et l'atlantique. Il y a d'abord les différences au niveau des marées, l'entrée de l'onde de marée en Manche induit un décalage temporel et un marnage important par rapport à l'Atlantique (près de 3h de différence et jusqu'à 7m de plus). Ensuite des températures, car par la Manche en hiver descendent du nord des eaux plus froides, alors que la côte atlantique reste baignée par le gulf-stream (pour longtemps encore espérons le!). Et pour finir, mais ce n'est un secret pour personne, la houle rentre moins bien en Manche que sur l'Atlantique. Tout ça modifie l'implantation des peuplements, mais sans pour autant en faire deux mondes strictement différents.

3. Le littoral, un peu de terre et beaucoup d'eau

Le littoral, ce sont nos côtes. Plus que le rivage, il couvre les fonds marins proches de l'estran, celui-ci, la mer qui les recouvre et la terre qui y fait face, parfois sur de grandes profondeurs. C'est un subtil mélange de deux grandes influences qui imprime sa marque sur l'inerte et le vivant. C'est un ensemble très complexe et très sensible de milieux et d'êtres vivants, où petit à petit on passe de la mer à la terre. Ce passage est progressif, mais on peut distinguer un certain nombre d'étages, séparations arbitraires mais judicieuses qui permettent de mieux situer les éléments de ce gigantesque puzzle.

C'est ainsi que se succèdent en remontant sur les terres les étages: circa-littoral, infra-littoral, médio-littoral, supra-littoral, littoral terrestre, que l'on retrouve quelques soient les milieux, dont nous parlerons ultérieurement.

A suivre...

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