L'environnement du surf

Les spots

Un spot un est site côtier où la pratique du surf est possible. Il en existe de toutes sortes, du plus "pépère" au plus dangereux. Chaque spot possède un fonctionnement bien particulier. Il est important de se renseigner ou de bien analyser le site avant de se mettre à l'eau sans quoi on peut se retrouver dans une situation délicate (courant très puissant amenant dans une zone dangereuse, roches à fleur d'eau en zone d'impact, etc.) et perdre rapidement le contrôle de la situation. Ce manque de connaissance cause un nombre significatif d'accidents (souvent mortel) chez les baigneurs et les pêcheurs à la ligne sur les spots de surf.

Types de spots

Les vagues de surf se forment lorsque la houle frappe un haut fond. Un spot est principalement caractérisé par la nature et le profil du fond ainsi que la configuration de la côte. On peux les regrouper en trois grandes catégories :

  • Les beach breaks. Il s'agit de plages, où la houle déferle en fonction des bancs de sable qui modèlent le fond. En France, la Gironde et les Landes sont uniquement constitué de beach breaks. Les beach breaks possèdent comme avantage de pouvoir fonctionner même quand la houle est très petite, et de ne généralement pas présenter de danger en cas de chute. En revanche, les conditions de surf qu'ils offrent sont souvent volatiles, du fait du déplacement des bancs de sables (principalement lors des fortes houles) et position de la très variable des peaks en fonction de la marée. En conséquence prend généralement moins de vagues sur un beach break car il faut souvent changer de placement. Un autre problème des beach breaks est le phénomène de barre : il n'y a souvent pas de chenaux pour atteindre le large (le line-up) ce qui oblige à passer de front en utilisant la technique assez pénible du canard.
  • Les reef breaks. Sur ces spots, le haut fond est constitué d'un récif (plaque rocheuse, lave ou corail). Sa stabilité engendre une meilleure régularité de vague que les beach breaks. De même, le placement y est plus facile que sur un beach break. Le principal inconvénient est le danger en cas de chute lorsqu'il y a peu d'eau (à marée basse notamment). Certains surfers utilisent des casques sur les spots très dangereux comme Pipeline à Hawaii.
  • ou Padang-Padang à Bali.
  • Les shore breaks. Les vagues de shorebreak sont celles qui déferlent juste au bord. On entend généralement par shorebreak une vague de sable, mais le fond peut aussi être rocheux ou constitué de galet par exemple. Les vagues de shorebreaks sont très rapides (ou même ferment), puissantes, souvent tubulaires, et se brisent dans très peu d'eau. La puissance des shorebreak peut être amplifiée par le phénomène de backwash: le déferlement d'une vague se reflechit sur le rivage et vient à frapper la vague suivante qui s'apprête à déferler; cela s'accompagne généralement d'une augmentation de la taille et de la puissance de la vague. Les shore breaks sont particulièrement appréciés des bodysurfers et bodyboarders.
  • Les point breaks. On trouve ces spots dans certaines configurations côtières où la houle vient s'enrouler autour d'une pointe et déferle le long du contour du littoral. De telle configuration peuvent créer des vagues d'une longueur exceptionnelle, mais sont malheureusement relativement rares.

Structure générale d'un spot

Un spot de surf est constitué de différentes zones. Le schéma suivant montre un exemple de spot.

L'inside et la barre

L'inside est la zone près du bord où finissent de déferler les vagues.

La zone balayée par les mousses issues du déferlement des vagues est appelée la barre (certains utilisent aussi le mot inside). Celle-ci, sur les beach breaks, peut être longue et difficile à franchir lorsque la houle est consistante.

Il y a souvent du courant latéral dans la barre du fait de la direction de la houle qui arrive souvent légèrement en biais par rapport à la côte : par exemple une houle de NW provoque une dérive vers le Sud sur une plage orientée à l'Ouest. Le vent peut également provoquer du courant dans la barre.

Chenaux

Les zones d'eau profonde ou bien abritées par un obstacle (donc sans déferlement) constitue d'excellents passages vers le large pour les surfers, que l'on appelle chenaux. Ils sont souvent animés d'un courant vers le large (par exemple les baïnes en Aquitaine) ce qui vient encore faciliter la progression.

Les extrémités des plages, les digues ou encore les pointes rocheuses constituent en général des chenaux car ils font obstacle au courant latéral de l'inside qui s'échappe alors vers le large.

Le line-up

Le line-up est la zone où les surfers attendent les vagues. Elle se trouve légèrement au large du peak. Sur les beach breaks le line-up bouge en général beaucoup, car les séries cassent plus au large (on dit que les séries décalent) et l'évolution de la marée contribue également à changer la position des peaks.

Les vagues

La houle se déplace en provoquant un courant de rotation verticale des particules d'eau. A mesure qu'une vague s'approche d'un haut fond, la profondeur d'eau diminue et la vague est freinée, jusqu'à une limite où la vitesse de rotation des particules d'eau au niveau du haut de la vague dépasse la vitesse de propagation de la houle elle même. C'est à ce moment que la houle déferle, et devient réellement exploitable pour le surf car c'est uniquement à cet instant qu'elle forme une pente suffisement verticale.

Lorsque la vague commencer à déferler, son tiers supérieur se projette en avant pour devenir la lèvre et former le tube (dans le cas d'une vague puissante). Si la vague est molle la lèvre ne se projette pas suffisamment fort pour former un tube. On assiste alors simplement au dévalement de mousse dans la pente de la vague (on parle aussi de vague plate). La partie de la vague en train de se creuser (juste sous la lèvre) est appelée le curl, et la partie non déferlée de la vague se nomme l'épaule. Enfin, la zone qui a déjà explosé est la mousse. Les embruns qui s'envolent à cause du vent offshore sont appelés le spray. Ce dernier fait souvent apparaitre de petits arcs-en-ciel lorsqu'il y a du soleil.

Le déferlement (par vent nul ou offshore) de la houle est lié directement au profil du fond et au niveau d'eau, donc à la marée. Il est caractérisé par sa direction, sa régularité> sa vitesse et enfin sa puissance.

Direction du déferlement

A mesure que la profondeur d'eau diminue à l'approche du bord, les vagues se cambrent de plus en plus jusqu'à une limite où elles commencent à déferler. Cet endroit est appelé le peak. Au fur et à mesure que l'onde continue d'avancer vers le bord, le déferlement de la vague s'éloigne du peak en suivant le contour du banc de sable ou du récif.

Si le déferlement se dirige (en regardant la vague de face) de la droite vers la gauche on dit que la vague est une droite. Dans le cas contraire on parle d'une gauche. Dans les deux cas on dit que la vague ouvre car elle possède un sens de déferlement.

Lorsque qu'une ligne de houle se brise sur toute sa longueur simultanément, on dit que la vague ferme (ou que la vague est "closeout"). Il n'y a alors pas de peak ni de sens de déferlement. Ce phénomène se produit par exemple lorsque le fond d'une plage descend en pente douce de façon uniforme, sans présence de bancs de sable, ou bien lorsqu'une vague percute un banc de sable ou un récif de forme rectangulaire orienté perpendiculairement à la direction de la houle.

Seule les vagues qui ouvrent présentent un intérêt pour le surf. Le schéma suivant montre une vue aérienne de deux bancs de sable provoquant deux types de déferlement.

Vitesse et régularité

Une vague est dite rapide ou lente en fonction de la vitesse de déplacement du point de déferlement le long de la ligne de houle. Une vague très rapide peut être insurfable et donc être équivalente à une vague qui ferme. Le déferlement peut aussi accélérer ou ralentir en fonction du profil du fond, et des sections entières de la vague peuvent fermer (on dit alors que la vague sectionne ou encore qu'il y a des section A noter que le vent on-shore est souvent responsable de l'apparition de sections parasites.

Puissance des vagues

La puissance de la vague dépend de la vitesse de propagation de la houle (à ne pas confondre avec la vitesse de déferlement), c'est-à-dire de sa période, du profil du fond (un profil plus pentu provoque un déferlement plus brutal), et du niveau d'eau c'est-à-dire de la marée. Une vague puissante est creuse, et son tiers supérieur se projette en avant et peut former un tube. Evidemment, les vagues puissantes sont plus dangereuses, car elle se brisent en général dans peu d'eau et les remous peuvent plaquer plus longtemps au fond (dans les grosses vagues).

A l'inverse, les vagues peu puissantes sont dites molles.

Dangers de l'environnement

Un spot de surf est lieu où la nature est à l'état sauvage, et c'est un des éléments qui rend le surf si attractif. C'est pourquoi il est prudent de se renseigner (ou tout au moins de bien observer la configuration du site) avant de se mettre à l'eau sur un spot que l'on ne connait pas car il peut parfois présenter un danger important.

Les spots de surf sont souvent animés de courants, qui peuvent êtres terriblement puissants qui peuvent vous mettre en difficulté en cas de perte de la planche.

Lorsque le spot fait face à une falaise ou des récifs dangereux, il faut veiller à ne pas se faire enfermer et rabattre dessus. De même qu'un fond agressif (récif coupant par exemple) recouvert de peu d'eau est évidemment particulièrement dangeureux en cas de chute. Dans ce domaine, le corail est redoutable car on se retrouve rapidement en charpie en cas de mauvaise chute!

Enfin, les vagues présente toujours un danger à partir d'une certaine taille qui varie suivant les spots, le niveau et l'experience de chaque surfer. Disons simplement qu'on peut surfer sans risques des houles jusqu'à 1,50m, mais au delà la puissance augmente très vite et le danger avec.

Signalons que les spots de surf sont souvent des endroits associés au mythe des lame de fond. Cette expression de lames de fond est souvent utilisé pour expliquer les noyades de baigneurs ou de pêcheurs à la ligne dans les endroits exposés à la houle. En fait les lames de fond (c'est-à-dire une énorme vague qui surgirait brutalement de façon imprévisible) n'ont pas de réalité physique (selon les océanographes). Les houles longues (venant de loin) conjugé à un temps calme sont souvent celles qui provoque les accidents attribués aux lames de fond : en effet il peut y avoir d'assez longues accalmies entre deux séries de vagues et la mer parait alors sans risque. La rentrée d'une houle peut aussi faire croire à une lame de fond : les premières séries d'une houle rentrante sont très espacée, et l'augmentation de taille n'est pas progressive.

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